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La mésothérapie, une arme de plus dans l’arsenal thérapeutique du sportif

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mésothérapie Clarisse Nénard Brice BellemansEfficace, indolore, sans risque de contrôle anti-dopage… la mésothérapie est de plus en plus utilisée dans le suivi traumatologique du sportif de haut niveau. Il faut dire que cette technique de pointe a de quoi séduire.

Explications du Docteur Brice Bellemans, médecin du sport et mésothérapeute à Nantes.

Le préfix « méso » signifie « milieu ». La mésothérapie est un traitement qui consiste à injecter dans la peau, à faible profondeur et en petite quantité, un mélange de produits médicamenteux.

Mise au point en 1952 par un médecin français, le docteur Michel Pistor, cette technique permet de diminuer au maximum la distance entre le médicament et le mal à traiter. Une réponse locale pour une lésion locale. Son idée : « injecter peu, rarement, et au bon endroit ».

On limite ainsi les infiltrations de corticoïdes dans bon nombre de cas. On réduit la consommation d’anti-inflammatoires par voie orale… Bref, on évite la propagation du produit dans tout l’organisme.

Face aux tendinopathies, entorses, lombalgies, contractures, lésions musculaires, ou encore l’arthrose, la mésothérapie est une voie thérapeutique privilégiée pour les sportifs, de haut niveau… ou pas.

Qu’apporte cette technique dans la traumatologie du sport ?

Brice Bellemans : Techniquement l’avantage de la mésothérapie est indéniable puisqu’elle

  • est très peu invasive,
  • efficace rapidement,
  • ne demande pas d’arrêt sportif de plus de 24h,
  • présente beaucoup d’indications dans la pathologie du sportif,
  • ne nécessite aucune déclaration à l’AFLD car les produits utilisés ne font pas partie de la liste des dopants.

Tient-elle une place importante dans l’arsenal sportif ?

Brice Bellemans : Oui. Car contrairement aux infiltrations, on n’utilise jamais de corticoïdes. Par conséquent, il n’y a pas de fragilisation éventuelle de la zone traitée.

Et comme je le précisais plus haut, aucun des produits utilisés n’est considéré comme dopant, donc aucun risque de contrôle positif.

C’est grâce à la traumatologie du sport et notamment aux travaux effectués par les médecins de l’INSEP à la fin des années 90 que la mésothérapie a pu écrire ses lettres de noblesse.Mésothérapie sport clarisse nénard brice bellemans

Qu’injecte-t-on comme produits ? 

Brice Bellemans :

  • Anti-inflammatoires (piroxicam, ketoprofene)
  • Anesthésiques locaux (mesocaine, Procaine)
  • Décontracturants (thiocolchicozide, magnésium)
  • Drainants (anti œdémateux) (etamsylate)
  • Cicatrisants (conjonctyl)
  • Vasodilatateurs (calcitonine)
  • Produits à visée neuropathique (Amytriptyline)
  • Produits homéopathiques (arnica)

Jamais de corticoïdes !!!

En fonction de la pathologie et du diagnostic, la solution est un mélange de différents produits que l’on prépare juste avant de l’injecter.

Contrairement aux idées reçues (et en particulier celles des médecins !), on n’injecte pas QUE des anti-inflammatoires car on peut agir sur un grand nombre de facteurs (drainage, cicatrisation, défibrose, etc.)

D’une séance à l’autre, en fonction de l’efficacité et de l’évolution du problème traité le mésothérapeute pourra modifier son mélange et le réadapter.

À quelle profondeur se font les injections ?

Mésothérapie sport Clarisse Nénard Brice BellemansBrice Bellemans : A très faible profondeur. Les techniques utilisées sont souvent mixtes, à savoir : quelques points d’injection en intradermique à 4 mm de profondeur avec un premier mélange, puis une série d’injections intradermiques superficiels à 2 mm avec soit le même mélange soit un mélange différent.

Par exemple : pour une tendinopathie d’Achille ancienne (plusieurs mois)

Mélange 1 : anti-inflammatoires et drainants en intradermique à 4 mm de profondeur autour du tendon pour agir sur l’inflammation autour du tendon 

Mélange 2 : mélange défibrosant et « dégrippant » pour agir sur la structure du tendon en lui même et l’assouplir, injecté en injections intradermiques superficielles à 2 mm.

La profondeur de nos injections ne dépasse jamais la barrière sanguine, d’où le risque infectieux quasiment nul.

Le principe est d’utiliser l’effet réservoir de la peau, qui va capter les produits et ceux-ci vont se diffuser en profondeur en quelques jours.

Il ne faut pas oublier l’effet de la poncture, qui va déclencher une action réflexe au niveau des voies de la douleur, et compléter l’action des produits.

Mieux que les infiltrations ? 

Brice Bellemans : Le rapport efficacité/risque et inconvénients est largement en faveur de la mésothérapie.

Personnellement, je trouve que l’on fait trop d’infiltrations pour des pathologies qui auraient pu bénéficier de mésothérapie avant et sans doute être guéries.

L’infiltration ne va agir QUE sur l’inflammation.

La Mésothérapie aura l’avantage de pouvoir agir aussi sur la cicatrisation ou sur la contracture par exemple.

La profondeur n’est pas du tout la même puisque que nous utilisons uniquement la peau comme champ d’action (1 à 4 mm). Les infiltrations sont faites à l’intérieur de l’articulation (3 à 5 cm) et présentent donc un risque infectieux plus important.

La mésothérapie peut-elle les éviter, les remplacer ?25287221_10204171729811246_2141732433_n

Brice Bellemans : Bien sûr. Et cela dans beaucoup de pathologies : tendinopathies, lombalgies, et même parfois l’arthrose.

Il faut reconnaître une supériorité de l’efficacité des infiltrations dans certaines pathologies, comme les bursites d’épaule par exemple.

Pourquoi ? Par l’action « multifactorielle » de la mésothérapie.

Est-elle une bonne alternative pour échapper aux effets secondaires indésirables des anti-inflammatoires pris par voie orale (problèmes digestifs, douleurs ou brûlures d’estomac, etc.) ? 

Brice Bellemans : La mésothérapie est souvent beaucoup plus efficace et mieux tolérée que les traitements anti-inflammatoires par voie orale, puisque le médicament est directement injecté en regard de la zone pathologique.

L’absence de passage par le foie, le système digestif et d’un passage sanguin minime garantissent une efficacité optimale sans les effets indésirables de type brûlures d’estomac fréquemment retrouvés avec les anti-inflammatoires en comprimés. Même un patient souffrant d’ulcère à l’estomac peut bénéficier de mésothérapie sans risque.

Pour quels traumatismes sportifs l’utilise-t-on ?

Mésothérapie Clarisse Nénard Brice BellemansBrice Bellemans :

- Epaule :       Tendinopathie et entorses acromio claviculaire

- Coude :        Epicondylalgie (« tennis elbow ») et epitrochlealgie (“golf elbow »)

- Poignet : Tendinopathies, entorses, arthrose du pouce, douleurs traînantes dans certains sports sollicitants (golf, gymnastique, sports de raquettes… )

- Main :          Entorses des doigts 

- Rachis :       Lombalgies et cervicalgies mécaniques, sur discopathies.

- Hanche :     Tendinopathie du moyen fessier

 - Cuisse :      Tendinopathie des ischios jambiers, du droit fémoral.

                       Béquilles. 

- Genou :       Tendinopathie rotulienne, essuie glace du coureur, patte d’oie, des ischio jambiers.

                       Entorses avec lésion du ligament latéral interne.

                       Osgood Shlatter chez adolescent.

                       Arthrose précoce.

- Jambe :        Periostite tibiale, tendinopathie des releveurs du pied.

- Cheville :    Entorses récentes ou anciennes avec douleurs persistantes, tendinopathie Achille, bursite d’achille, tibial postérieur, fibulaires, 

- Pied :           Aponevrosite plantaire, capsulites des orteils, hallux valgusMésothérapie Clarisse Nénard Brice Bellemans

                       Parfois les névromes de Morton mais c’est plus souvent l’infiltration sous contrôle écho graphique qui sera efficace

Et plus généralement :

Contractures ou lésions musculaires (effet drainant et décontracturant mais pas de diminution des délais de cicatrisation !)

À chaque situation et pathologie son traitement

Brice Bellemans : Comme précisé plus haut le mésothérapeute, en fonction du diagnostic, de l’examen clinique (et de son expérience !!) saura adapter son mélange au problème pour obtenir de séance en séance, le meilleur résultat possible.

Comment se déroule le traitement ? 

Brice Bellemans : Au minimum 3 séances à renouveler tous les 10 jours environ.

Puis, on pourra compléter par une ou deux séances complémentaires espacées d’1 mois si la guérison n’est pas acquise.

J’imagine que le  rythme dépend un peu de la pathologie ?

Brice Bellemans : Pour une tendinopathie, le but de la mésothérapie sera d’obtenir une guérison. Une fois cet objectif rempli, plus besoin de séance.

Pour l’arthrose ou les lombalgies, l’objectif va être surtout de soulager la douleur.

Il faudra pour ces indications réitérer les séances en  » entretien » de façon variable : tous les 3, 6 voire seulement 12 mois.

Si jamais il n’y a aucune efficacité après 3 séances (ça arrive !) on stoppe le traitement et on envisage d’autres thérapeutiques éventuelles

A faire ou ne pas faire après une séance ?

Brice Bellemans :

            Pour le patient : pas de piscine, bain en mer, plage, sauna, hammam, pendant 24h, par mesure d’hygiène (les petites traces de sang encore présentes après les injections pourraient faire le lit d’infections en cas de contact avec des bactéries). Prendre une douche ou un bain chez soi ne pose par contre aucun problème. Seuls les bains « collectifs » sont à éviter.

            Pour le sportif. Idem, et pas de sport pendant 24h.

Mésothérapie Clarisse Nénard Brice BellemansAu bout de combien de temps, peut-on reprendre l’entraînement ?

Brice Bellemans : 24h, mais les effets de la séance ne seront réels qu’après 3-4 jours.

On peut donc s’entraîner mais il ne faut pas forcément escompter un résultat immédiat, sauf dans certains cas (une contracture musculaire par exemple)

Ses avantages et ses limites ?

Brice Bellemans : Avantages : Innocuité – non dopant -Effet multifactoriel- non douloureux- quasi aucun effet secondaire – indications multiples en traumatologie sportive- reprise rapide de l’activité – pas de déclaration à faire auprès de la lutte anti dopage.

Limites : Insuffisant pour traiter certaines pathologies comme les hernies discales ou les lésions méniscales du genou. Idem pour les tendinopathies calcifiantes de l’épaule.

Effets indésirables ?

Brice Bellemans : Hématomes fréquents aux points d’injections

Augmentation potentielle de la douleur sur les 3 jours qui suivent le traitement

Nausées et malaises parfois (très rares !) liés à l’utilisation d’un produit : la calcitonine. Ces symptômes ne durent que quelques heures maximum, et disparaissent spontanément. En cas de nausées ressenties après la première séance, personnellement je prescris un anti nauséeux (ex : vogalène)  en prévention lors de la deuxième séance, si l’utilisation de la calcitonine me parait indispensable.

Contre-indications ?

Brice Bellemans : Grossesse et allaitement. Enfant de moins de 1O ans.

S’associe-t-elle à d’autres thérapeutiques en fonction de la pathologie ?

Brice Bellemans : Oui. On peut tout associer : Kiné, ondes de choc (attendre au moins 48h après), ostéopathie, semelles orthopédiques, etc…

Quand consulter un mésothérapeute ?Mésothérapie Clarisse Nénard Brice Bellemans

Brice Bellemans : Pour toutes les pathologies dont on a parlées plus haut, et qui restent traînantes ou non guéries malgré les prises en charge plus « traditionnelles »

Les médecins généralistes ne sont pas toujours au fait de ce que l’on peut traiter en mésothérapie, et il vaut mieux parfois prendre un rdv en direct avec un médecin mésothérapeute.

Personnellement, j’envoie systématiquement un courrier explicatif au médecin traitant du patient que j’ai soigné, d’une part pour qu’il ne soit pas « shunté » et d’autre part qu’il puisse conseiller la mésothérapie à d’autres patients souffrant de problèmes identiques.

C’est donc plus de la « mésinformation » que de la méfiance ou de la réticence.

En revanche, les kinésithérapeutes par exemple, qui voient beaucoup plus régulièrement les patients se rendent compte du bénéfice du traitement par mésothérapie, qui aura un effet « boostant » de leurs propres soins.

En résumé, je trouve qu’on ne parle pas assez des bienfaits de la mésothérapie et que les médecins généralistes ne la conseillent pas assez, que l’on fait beaucoup trop d’infiltrations là où la mésothérapie serait suffisante, efficace et beaucoup moins contraignante voire dangereuse.

Le sourire et le merci des patients, sportifs ou non, que j’ai la joie de soigner tous les jours me confortent dans le choix que j’ai fait il y a10 ans de devenir mésothérapeute.

Qui peut pratiquer ?

Brice Bellemans : Seulement les médecins, titulaires du DIU de mésothérapie (Facultés de Paris VI, Lyon, Clermont, Bordeaux)

Comment choisir son mésothérapeute ?

Brice Bellemans : Il faut se connecter sur le site de la société française de Mésothérapie (www.sfmesotherapie.com) et cliquer sur la rubrique « chercher un mésothérapeute » par département.

Il y a aussi une rubrique dédiée dans les pages jaunes : médecins en mésothérapie. Il faut savoir que seuls les médecins titulaires du DIU ont le droit d’être répertoriés, ce qui est une garantie d’une formation de qualité.

Par Clarisse Nénard

avec Brice Bellemans

Le suivi du sportif

© Tout Droit Réservé (texte et photos)

 


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